Détruire les chardons, une obligation ?

De par sa prolifération importante et par la forte concurrence qu’il exerce sur les cultures, le chardon des champs est l’une des plantes vivaces redoutée par les agriculteurs.

Considéré comme parasite, le chardon est particulièrement vivace : il peut se multiplier grâce à ses graines mais aussi et surtout grâce à son puissant système racinaire. Ainsi, jusqu’en 2020, la destruction du chardon était obligatoire. Sorti de la liste des espèces nuisibles, il n’est plus considéré comme engendrant des nuisances environnementales ou de santé humaine. En effet, l’arrêté ministériel du 16 avril 2020 ne le reprend plus dans la liste des organismes nuisibles.

Néanmoins, sa présence reste un problème pour le monde agricole. « Si on laisse la prolifération se faire, on va se faire envahir », nous indique un agriculteur, également maire de sa commune. Il précise également que le chardon peut capter tous les éléments nutritifs et faire perdre du potentiel à la culture en place.

Alors, on fait quoi ?

Jeanne Delsaut, ingénieure d’études sur les adventices vivaces à Agro-Transfert, nous aiguille : « le chardon est l’adventice vivace la plus problématique dans les systèmes biologiques des Hauts-de-France et, tout système confondu, la 3ème plus problématique selon une enquête réalisé en 2019 auprès de 180 agriculteurs en région. Son mode de reproduction est souvent mal connu, alors que la compréhension de la multiplication végétative est essentielle pour mettre en place les moyens de gestions adaptés. ». Pour faire simple, le chardon a besoin de la photosynthèse pour se développer, mais il sait aussi stocker l’énergie de cette dernière pour en faire des réserves et se régénérer en cas de destruction des parties aériennes. Il faut donc intervenir sur la plante au moment où le niveau de réserve d’énergie racinaire est le plus faible pour l’affaiblir et limiter son impact sur les cultures suivantes. « On recommande de faire au moins 3 scalpages pour obtenir de premiers résultats : au stade 6-8 feuilles du chardon, là où ses réserves racinaires sont faibles.) Cela peut être réalisé soit pendant l’été soit au printemps pour empêcher la reconstitution des réserves racinaires avant l’entrée en dormance début octobre et limiter sa reprise au printemps suivant. », nous précise Jeanne Delsaut. Elle nous livre un dernier conseil : si possible intégrer une luzerne par exemple qui sera en concurrence directe avec le chardon via les racines et qui subira difficilement les fauches successives avant de rester en « dormance » dans le sol quelques années.